Sonja Neef

M/Othering Europe. Or: How Europe and Atlas are Balancing Hand in Hand on the Prime Meridian-she Carrying the Alphabet, he Shouldering the Globe they are Walking on

When questioning the idea of a European identity, one may find the concept of translation as the basic principle of Europe. In my paper, I consider three cases in which Europe is ‚translated‘:

1. in mythography, in the version of the Epyllion by Moschos, which I read as a narrative on migration. As a mythological figure, Europe was – literally -‚translated‘ from Phoenicia to Crete by Zeus who was disguised as a majestic bull. He thus carried Europe from the Orient to the Occident, where she gave her name to the continent.

2. in cartography, with respect to the prime meridian, which I interpret as an ideological line to measure and construct the world with a European royal house being its centre.

3. in architectonic painting, namely the frescos by Tiepolo in the grand staircase of the Prince-Archbishop’s palace in Würzburg, Germany, which I read as a masterpiece of perspectival painting telling us how Europe needs to be seen from a privileged point of view and on its turn viewing the other continents as distorted representations.

The aim of this paper is to destabilize fixed positions which establish a Europe that appears unproblematically identical with itself. To do so, I will risk gazing at Tiepolo’s Europe from marginal points of view; that is, from Africa or Asia. And-for the longitude-zero-I will question the cut of the world into two opposite hemispheres, east and west. Europe, then, appears to be always in a state of translation, never fixed in an origin, never being ‚home‘ as a final destination. Likewise the Europe in mythology, Europe as a continent, is split by difference and driven by desire for a foreign country.

 

M/Othering Europe. Ou: Comment Europe et Atlas se maintiennent en équilibre, main dans la main sur le premier méridien – elle portant l’alphabète, lui portant sur l’épaule le globe terrestre sur lequel ils marchent.

Lorsque l’on s’interroge sur l’idée d’une identité européenne, le principe fondamental de l’Europe peut être trouvé dans le concept de „traduction“. Dans mon exposé, je considère trois cas dans lesquels l’Europe est ‚traduite‘:

1. en mythographie, dans la version de l’epyllion de Moschos, que j’ai lue comme un récit sur la migration. En tant que figure mythologique, Europe a été littéralement transposée (traduite) de Phénicie en Crète par Zeus qui s’était déguisé en un taureau majestueux. Ainsi, il a transporté Europe de l’Orient à l’Occident, où elle a donné son nom au continent.

2. en cartographie, en ce qui concerne le premier méridien que j’interprète comme une ligne idéologique permettant de mesurer et de construire le monde avec une maison royale européenne en son centre.

3. en peinture architectonique, notamment dans les fresques réalisées par Tiepolo dans le grand escalier du palais du prince-évêque de Würzburg, en Allemagne, qui sont à mes yeux un chef-d’œuvre de la peinture en perspective, nous montrant comment l’Europe a besoin d’être vue sous un angle privilégié, tout en voyant les autres continents comme des représentations déformées.

Cet exposé a pour but de remettre en question des positions figées, qui montrent une Europe apparemment identique à elle-même. Pour cela, je risquerai de considérer l’Europe de Tiepolo à partir de points de vue différents, c’est-à-dire de l’Afrique ou de l’Asie. Et en ce qui concerne le degré de longitude zéro, je mettrai en doute le partage du monde en deux hémisphères opposés, Est et Ouest. L’Europe apparaît alors comme étant toujours en état de traduction (en transition), jamais fixée dans une origine, jamais arrivée à sa destination finale. Comme Europe de la mythologie, l’Europe en tant que continent est divisée par la différence et mue par le désir d’atteindre une terre étrangère.